Les concepts japonais paraissent souvent obscurs pour nous, occidentaux. Il est en effet difficile de traduiW de vivre au Pays du Soleil Levant, sans employer de longues périphrases. Il en va ainsi du terme « WABI-SABI ».

Tout jardinier un tant soit peu contemplatif sera touché par l’essence de cette approche. Elle prône avant tout la simplicité, la sobriété paisible pouvant influencer positivement notre existence.
Ainsi, vous êtes wabi-sabi si…
– Vous recyclez méthodiquement les déchets du jardin et vous vous détournez d’une attitude par trop consumériste.
– Vous vous contentez de la beauté de fleurs un brin sauvages, voire indigènes, et vous évitez les plantes hybrides et pimpantes, les nouveautés pourtant hyperdécoratives.
– Vous cultivez respectueusement votre jardin en fonction du sol, du microclimat – tout en limitant les pratiques culturales et l’introduction de plantes exotiques – pour dépenser sans compter les ressources insoupçonnées du jardin.

Le wabi-sabi conduit aussi à reconnaître et ressentir la beauté des choses simples, imparfaites, éphémères et modestes.

– Ayant gardé une candeur enfantine, vous savez toujours vous émerveiller du moindre brin d’herbe tendre irisé par le soleil du printemps, du vol d’une libellule zigzagante, comme de la tiédeur d’une brise après la pluie.
– Vous savez apprécier la beauté singulière d’une rose fanée avec ses pétales de peau de chamois, le satiné des corolles de tulipes ou encore la silhouette fantomatique de plantes vivaces stoïques sous le givre. Vous vous retenez de manucurer systématiquement plantes et massifs dès la fanaison automnale au risque de vous priver de fructifications et infrutescences magnifiques.
– Vous considérez la ronde des saisons comme une fatalité positive, une source infinie de petits bonheurs à goûter au quotidien, tout au long de l’année durant, qu’il pleuve, qu’il vente ou qu’il fasse froid.
– Vous savez faire une pause, arrêter le cours des choses afin d’apprécier l’air du temps sans regarder votre montre. Du reste, avez-vous une montre à votre poignet ?
– Chantre de l’impermanence, vous êtes conscient de la croissance naturelle de votre jardin avec l’ombre qui s’installe, les plantes séniles qui dépérissent, d’autres qui se ressèment allègrement. Dès lors, vous orientez les évolutions naturelles au lieu de les combattre.
– Vous ne vous privez pas de la beauté éphémère des floraisons de rosiers non remontants ni des plantes pourtant lambines à s’installer telles que les hostas, les érables japonais ou les rodgersias.

En bref, aux jardins « à montrer » vous préférez des espaces « à vivre » et conçus pour apprécier le temps qui passe au diapason de la nature.