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Jacqueline Osty:
« Les parcs dessinent les nouveaux coeurs de ville »

Jacqueline Osty, architecte paysagiste

En ville, les espaces verts prennent de plus en plus le relais social de la place du village. Ils deviennent des lieux 
de rencontre, des terrains de jeux et de découverte de 
la nature qui animent les quartiers, les unissent même. Pour Jacqueline Osty, c’est au paysagiste que doit revenir la mission de faire battre ces nouveaux centres de vie…

Jacqueline Osty s’est d’abord tournée vers l’architecture avant de rejoindre l’École nationale supérieure du paysage de Versailles. « Je me sentais plus à l’aise sur la question du paysage, les grands horizons… Le travail sur les ambiances m’intéresse énormément », assure-t-elle pour appuyer son choix. C’est peut-être cette double sensibilité qui la mène à exercer son métier en ville, préférant les aménagements urbains à ceux de jardins privés. […] Qu’un paysagiste puisse participer à la réflexion de l’aménagement d’un quartier, c’est justement ce qui réjouit Jacqueline Osty, pour qui le dessin de l’espace public mérite autant de considération que celui du bâti. Chacun de ses projets se doit d’être ancré dans le territoire. Chaque réalisation révèle l’attention portée à l’usage des lieux, aux lieux eux-mêmes et à ceux qui y vivent. L’eau y est souvent un élément présent. Garden_Lab a souhaité mieux connaître le travail de la paysagiste et l’a interrogée sur la place de l’eau dans les parcs, à l’heure où de cruels épisodes de sécheresse et de violentes intempéries illustrent de plus en plus souvent le changement climatique.

GARDEN_LAB. EN QUOI LE PAYSAGISTE INTERVIENT-IL SUR LES SUJETS AYANT TRAIT À L’URBANISME ?

JACQUELINE OSTY. L’aménagement paysager touche à la fois la géographie, l’histoire d’un lieu, la topographie… J’aime la transversalité du métier de paysagiste : partir d’un contexte, élargir le champ de vision. Le lieu est porteur d’une quantité d’informations à capter et à analyser avant d’intervenir. À Rouen, par exemple, sur les photos des quais de la rive gauche où nous avons réalisé la grande promenade, on voit un site enclavé, traversé par des infrastructures routières, ferroviaires, portuaire. Et pourtant le site est magique : il y a la Seine, les coteaux, la cathédrale, des silos industriels, des architectures ouvrières, les grosses structures du port… Je revendique haut et fort le fait que le dessin de l’espace public doit faire l’objet d’autant d’attention que celle portée au bâti. Cette notion d’espace public est apparue récemment, vers les années 1990, avec des paysagistes comme Jacques Simon, Michel Corajoud, Alexandre Chemetoff ! Contrairement aux urbanistes et architectes, nous travaillons avec le vivant à la création d’écosystèmes et intervenons sur le vide plutôt que sur le plein.

G._L. PEUT-ON PARLER D’UN NOUVEAU STYLE DE JARDINS DANS L’AMÉNAGEMENT PAYSAGER DES VILLES ?


J. O. Le style n’est pas qu’une forme artistique. Les dessins des jardins au fil des siècles reflètent à chaque époque le regard d’une société sur la nature, au gré des modes et des philosophies ayant cours. Aujourd’hui, nous pourrions peut-être représenter ce style en parlant de collages. La ville est faite de morceaux qu’il faut ajuster ensemble. Offrir un espace de nature en ville est primordial, peu importe sa forme. Les parcs et jardins réalisés par les paysagistes sont dorénavant ouverts sur la cité et faits pour les citadins. Ce sont des espaces de liberté, de contemplation, de rêverie, de rencontre. Ils prennent la fonction des places publiques.

G._L. POURQUOI METTRE DE L’EAU DANS UN PARC QUI NATURELLEMENT N’EN DISPOSE PAS ?


J.O. Un parc sans eau, c’est impossible ! L’eau crée des îlots de fraîcheur, des ambiances, du bien-être. Elle peut aussi raconter une histoire naturelle. Dans le parc de Clichy-Batignolles, « artificielle- ment naturel », il a fallu creuser des fossés pour installer une zone humide et créer des plans d’eau afin de mettre le public à distance de la voie ferrée. Dans ce dernier cas, c’était l’élément paysager le plus efficace et le moins enfermant. La construction d’un mur n’aurait pas produit le même effet. Certes, le système hydraulique est artificiel, mais il est intégré dans un univers et a de surcroît un rôle pédagogique. Ces bassins biotopes sont en réseau. Puisée dans un canal, l’eau arrive, pas très propre, dans le premier ouvrage. Elle passe ensuite par trois bassins, filtrée par des plantes aquatiques, et elle est oxygénée au bout de la chaîne par une grande cascade. Un de nos objectifs était également de proposer une réponse à la gestion des eaux pluviales. De petits caniveaux répartis le long des allées dans le parc les récupèrent et les dirigent vers un réservoir de 1500 m3. Une éolienne pompe l’eau du réservoir pour réhumidifier la zone humide, qui attire toute une faune.
 Enfin, l’eau, c’est le jeu ! Celui des jets d’eau et des fontaines. Il est vrai que ces ouvrages coûtent cher et entraînent souvent des problèmes de gestion. Mais ils créent de l’usage, et c’est important.
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Retrouvez l’entretien complet dans GARDEN_LAB #8 – L’EAU : JEUX & ENJEUX

Bureau parisien de Jacqueline Osty, architecte paysagiste
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