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Le feu, outil du paysage

Feu de forêt

Il nous fascine autant qu’il nous effraie. S’il a d’abord permis à l’Homme d’apprivoiser et de façonner son environnement, il inquiète désormais les consciences lors d’incendies toujours plus dévastateurs. Élément naturel destructeur autant qu’indispensable à la vie, le feu nous interroge sur notre rapport au paysage, et à la nature.

Qui peut ignorer la forêt amazonienne qui se consume quand d’autres régions du monde n’en sont pas moins épargnées ? Australie, Californie, ou encore Sibérie, les feux de forêt prennent depuis quelques années une nouvelle ampleur au point d’être désormais surnommés « mégafeux ». Largement relayés, ils suscitent nombre de réactions et éveillent les peurs les plus vives. À l’heure de la crise écologique et du changement climatique, ils sont aussi le témoin de la relation ambivalente de nos sociétés à la nature. Car ne l’oublions pas, le feu participe lui aussi à l’équilibre du monde vivant et reste à ce titre un outil essentiel du paysage, participant tantôt à son renouvellement, tantôt à l’épanouissement de la biodiversité.

Des paysages de feu méditerranéens aux forêts neigeuses subalpines

Comme évoqué dans Garden_Lab #6 à travers les propos de Gilles Clément, de la botaniste Véronique Mure et du paysagiste Jordan Szcrupak (extrait de l’ouvrage « Feu – Ami ou ennemi », Ed. Dunod – Cité des Sciences et de l’Industrie, 2018), qu’il soit naturel ou d’origine humaine, le feu façonne les paysages méditerranéens depuis des millénaires. « Jusqu’à la première moitié du XXe siècle, l’homme l’a considéré comme un allié dans la gestion du territoire », explique Véronique Mure.  Le pastoralisme et l’agriculture s’en servaient pour régénérer les ressources. Par ailleurs, nombre d’espèces végétales ont appris à s’y épanouir. Pour Gilles Clément, « la singularité du biome méditerranéen au sein du jardinage planétaire vient du feu en tant que mécanisme naturel répété, induisant au fil du temps une pyro-flore adaptée, voire même appelant le feu pour assurer sa régénérescence ».

De la même façon, les incendies qui ont ravagé quelques 12 millions d’hectares de forêt cet été en Sibérie ont rappelé que les forêts neigeuses ne sont pas épargnées par le feu. Même s’ils restent historiquement plus rares dans les forêts subalpines que dans les forêts méditerranéennes, ils sont néanmoins anciens et naturels. Les espèces végétales présentes après les feux tels les bouleaux et mélèzes s’y avèrent d’ailleurs moins sensibles et la dynamique écologique du feu engendre une diversité d’espèces bien spécifiques.
Au Canada, les feux sont également fréquents et leur rôle écologique n’est plus à prouver dans la diversité de la végétation des forêts boréales. Dernier exemple, dans les savanes africaines, l’écosystème s’est adapté à son passage. Une étude récente de l’Université de York a même révélé une «pyro-diversité» accrue des espèces de mammifères et d’oiseaux en présence de fortes précipitations.

Un nouveau rapport de l’écologie du feu

Le constat ne vise pas à nier le problème des mégafeux. Dans la forêt amazonienne, prédominée par les écosystèmes humides, les feux sont historiquement peu présents et les espèces témoignent bien moins d’une adaptation évolutive au feu. Néanmoins, cela nous interroge sur notre rapport à la nature, comme l’évoque la philosophe Joelle Zask, entre domination totale et préservationisme à outrance. Et pour nombre de paysagistes imprégnés des théories de Gilles Clément, les incendies devraient plutôt être considérés comme «  une ressource créative pour les territoires, permettant de dépasser la diabolisation du phénomène en augmentant notre compréhension collective de l’écologie du feu […] ». Certes, la majorité des incendies déclarés sont d’origine humaine et le réchauffement climatique en augmente la fréquence et l’intensité. Mais le manque d’entretien des forêts, abandonnées par le pastoralisme et les activités paysannes, les rend parfois même plus vulnérables. Alors plutôt que de céder à la panique, gardons en tête que le paysage est aussi le résultat d’une co-adaptation des pratiques humaines liées au feu et de la biodiversité. Reste peut-être alors la problématique d’une époque « pyrocène » devenue pyromane.
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