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Jardinages des racines, Illustration Vincent Gravé, Garden_Lab#10 Jardins & sécheresse

Le jardinage des racines

Jardinages des racines, Illustration Vincent Gravé, Garden_Lab#10 Jardins & sécheresse

Racines, radicelles, radicules, rhizomes, souches, pivots, fibrilles, tubercules, bulbes, oignons, caïeux… Les organes souterrains
des plantes, souvent oubliés, sont complexes à appréhender, malgré les éclairages récents de la science. Ces parties invisibles des végétaux en constituent le centre névralgique, dédié à la gestion de l’eau, et méritent toute notre attention pour réussir un jardin sec.

Le jardinier est d’autant plus attentif aux racines que l’eau est rare. À chaque saison, sans y penser, il les jardine : en hiver, il bêche le sol et répand du fumier pour avoir des planches bien ameublies ; au printemps, il apporte des nutriments pour activer la « végétation » et obtenir de veaux produits ; il paille en été pour éviter de trop arroser ; à l’automne, il draine les terres humides pour ne pas avoir de sols engorgés…

S’il est acquis que les racines permettent l’ancrage des plantes et l’absorption de l’eau et des sels minéraux, nous savons aujourd’hui que le fonctionnement
 de la rhizosphère est bien plus complexe. Elle est au cœur de la vie des plantes. Les racines accumulent des réserves, régulent le stress et les perturbations extérieures, et surtout elles nouent de multiples liens avec des bactéries, des champignons et toute la microfaune du sol. Ainsi les systèmes racinaires sont-ils reconnus comme le siège majeur des échanges et de la communication du vivant. À partir de leurs racines, les arbres, les arbustes, les herbes et leurs microbiotes – l’ensemble des micro-organismes vivant à leur contact – tissent sous terre un immense réseau où circulent sans cesse, dans toutes les directions, à la fois des nutriments et des informations.
 Centres névralgiques des plantes, capables d’envoyer à leurs organes des signaux chimiques et électriques, et d’en recevoir, les systèmes racinaires sont tous interconnectés, comme par un Wood Wide Web.
 Un gigantesque réseau relie tous les êtres vivants souterrains grâce à des milliers de micro-connexions qui jouent un rôle essentiel dans le fonctionnement et la structuration des communautés végétales. Par leurs racines, les plantes « font société » à l’abri des regards.

PAS DE JARDIN SEC SANS SYSTÈME RACINAIRE PERFORMANT

Connaître le cycle de l’eau dans la plante est la clé 
de la réussite du jardin sec. En effet, la majeure 
partie de l’eau absorbée par les racines est très vite rendue à l’atmosphère par transpiration au niveau des feuilles, ceci pour assurer l’ascension de la sève jusqu’aux extrémités des branches et brindilles. Là où le règne animal fonctionne en circuit fermé avec le cœur comme pompe, le règne végétal fonctionne en circuit ouvert par différence de pression. Les quantités d’eau stockées dans le végétal et utilisées par son métabolisme sont infimes, au regard de celles qu’il doit absorber du fait des pertes par transpiration.

Un érable adulte peut rejeter dans l’atmosphère
 220 l d’eau par heure. En climat tempéré, un chêne peut transpirer jusqu’à 500 l d’eau par jour au cœur de l’été. Racines et feuilles jouent donc des rôles fondamentaux pour la gestion de l’eau dans la plante, notamment en situation de chaleur et de sécheresse. Ainsi les plantes des zones arides ont-elles mis au point des stratégies de survie en gérant la rareté
 de l’eau, et en en maintenant une teneur suffisante dans leurs tissus. Les racines, tout d’abord, sont d’autant plus puissantes et profondes que la 
source d’eau est lointaine. À l’autre bout du flux, 
les feuilles sont d’autant plus petites et coriaces, parfois réduites à de simples épines, qu’il leur faut éviter d’en perdre. Les surfaces foliaires sont souvent velues, couvertes de poils blanchâtres qui mettent
 à l’abri les stomates et protègent les feuilles de la surchauffe en les éclaircissant. D’autres plantes, dites « crassulescentes », stockent l’eau dans leurs tissus et modifient leur cycle du carbone pour éviter l’ouverture des stomates en plein soleil. Enfin, les plantes xérophiles adaptent leur rythme de vie au climat.

En cas de sécheresse et de chaleur excessives, elles se mettent au repos. Si la sécheresse est temporaire, elles peuvent réduire de moitié leur transpiration sans en pâtir. À mesure que l’eau se raréfie, 
les stomates se ferment pour limiter les pertes.

LES RACINES ET 
LA CIRCULATION DE L’EAU

Le contrôle du mécanisme d’ouverture des stomates, essentiel pour la circulation de l’eau, se fait via des messages de type chimique qui transitent entre
 les racines et les feuilles par la sève. Mieux que quiconque, les plantes perçoivent les situations de sécheresse. Au moindre signe de déficit hydrique dans le sol, les racines envoient un signal d’alerte à toute
 la plante sous la forme d’une hormone végétale, l’acide abscissique, synthétisée dans ses tissus. Arrivée au niveau des feuilles, cette hormone déclenche la fermeture des stomates, stoppant tout échange
 avec le milieu extérieur et limitant ainsi les pertes
 en eau. Un contrôle très fin se fait en temps réel, heure par heure, minute par minute, en fonction de
la quantité d’eau disponible dans le sol, mais aussi de l’ensoleillement, de la température de l’air, de la force du vent. Lors des journées chaudes et sèches de l’été, par exemple, les stomates ne s’ouvrent que quelques heures en début de matinée. Les plantes mobilisent les mêmes données météorologiques que le jardinier ou le paysan pour gérer leurs besoins en eau.

Flétrissement, enroulement des feuilles, voire chute complète sont également des mécanismes adaptatifs à la sécheresse. En fait, les végétaux xérophiles,
 en été, se protègent plus qu’ils ne donnent des signes de « souffrance », appelant le jardinier à l’aide… Alors, les arroser pour réhydrater leurs tissus, leur redonner « vie », est risqué. Au contact de l’eau, les racines relâchent la pression sur les stomates
 qui vont se rouvrir et par lesquels la plante va d’autant plus s’assécher. Les jardiniers savent qu’un arrosage effectué au soleil en pleine chaleur fait plus de mal que de bien à la végétation.

POUR UN ARROSAGE « MALIN »

La compréhension des stratégies végétales et
 leur respect sont gages de réussite du jardin
 sec. Être attentif au développement du système racinaire, planter à l’automne afin que les racines soient suffisamment installées avant les grandes sécheresses, leur laisser le temps de s’implanter sans forcer le développement aérien, protéger le sol, ne pas le laisser nu en été, se souvenir qu’un binage vaut deux arrosages Ces gestes, alliés à l’emploi de plantes économes en eau, se révèlent des plus efficaces. Sans oublier d’adapter le jardin au rythme des saisons.

À une époque où l’accès à l’eau est un enjeu majeur et où son rationnement en période estivale est fréquent, ces enseignements sont primordiaux.

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Cet article est extrait du dixième opus de la revue Garden_Lab : Jardins & sécheresse. À découvrir dans sa version intégrale

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Sortie du n°10 de la revue Garden_Lab, Jardins & Sécheresse.
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