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Architecture & nature : histoires d’hier et de demain.Garden_Lab#12 - Architecture & jardins.

Architecture & nature : histoires d’hier et de demain


Les avancées scientifiques et techniques de la seconde moitié du XX
e siècle nous auraient-elles fait perdre le fil de l’histoire ? Avant d’être culturelle ou esthétique, l’architecture fut biologique, sanitaire et climatique. Pour reprendre le fil, architecture et nature doivent désormais trouver de nouvelles manières de s’accorder.

À l’aune du XXIe siècle, les préoccupations face au changement climatique, à l’effondrement des écosystèmes et au retour des épidémies réinterrogent nos manières d’habiter la Terre. Quel espace l’humanité peut-elle désormais s’octroyer sans détruire son environnement ? Ces dernières décennies en particulier, l’architecture a cru pouvoir ériger des murs et se construire en opposition à la nature. Comme l’explique l’architecte Philippe Rahm dans son ouvrage Histoire naturelle de l’architecture (éd. Pavillon de l’Arsenal, 2020), « l’histoire de l’architecture telle qu’elle a été enseignée jusqu’à aujourd’hui est fortement influencée par la pensée postmoderne de la seconde moitié du XXe siècle […]. Elle explique l’architecture essentiellement d’un point de vue culturel, linguistique, humain, excluant les phénomènes naturels. Les raisons politiques et sociales dominent quant aux causes et aux conséquences du surgissement des formes, des styles, des langages architecturaux et urbains » (p. 7). La période de l’après-Seconde Guerre mondiale, caractérisée par l’apogée du pétrole et des antibiotiques, a permis de penser l’architecture sous un angle purement esthétique, hors des contraintes terrestres. Pour- tant, si l’on remonte le fil de l’histoire, depuis la période néolithique (6 000 à 2 200 ans avant notre ère) jusqu’à nos jours, l’évolution de l’architecture n’est pas le seul fait de phénomènes culturels. Elle est également le produit d’impératifs naturels, physiques, biologiques, sanitaires et climatiques.

Après un demi-siècle de postmodernisme, où l’homme a cru pouvoir s’affranchir de la matérialité de son existence, l’humanité entame la deuxième décennie du XIXe siècle en remettant « le réel » au cœur des préoccupations. Il s’agit désormais de « prendre la mesure de l’existence des choses hors de la conscience humaine, et redonner de l’importance aux facteurs non humains qui contribuent à façonner nos vies et la terre en général », affirme Philippe Rahm (ibid., p. 289), qui explore depuis vingt ans les aspects physiologiques et météorologiques de l’architecture. Selon lui, ce tournant ouvre de nouvelles possibilités à la discipline, un retour au fondement même de l’architecture.

NAISSANCE D’UNE PENSÉE « PAR LES MILIEUX »

Une nouvelle génération d’architectes, de paysagistes et d’artistes expérimente désormais des champs d’action transversaux et pluridisciplinaires qui revisitent la relation de l’humanité à la nature : des formes et processus de construction plus durables émergent, se mêlant à des expériences inédites de création avec le vivant. Ces initiatives (encore trop souvent) expérimentales passent par une meilleure compréhension du non-humain et par la recherche de façons d’agir sur lui autant qu’avec lui, dans des processus hybrides et évolutifs. Des notions font leur apparition, à l’image du biomimétisme, de la bio-inspiration, ou encore du concept d’« artefact naturel » développé par l’urbaniste et philosophe Marion Waller. Les artefacts naturels sont « des entités intentionnellement créées par l’homme pouvant s’apparenter à des processus naturels et possédant un potentiel d’autonomie […]. Le rôle majeur des artefacts naturels est de créer une relation privilégiée entre l’être humain et la nature. Pour créer un objet s’apparentant à la nature, il est indispensable d’en comprendre le modèle. De même, pour recréer un écosystème il ne faut pas s’en tenir à distance mais s’y plonger. Cette relation au milieu, entre implication et attention, est assez proche du jardinage », indique ainsi l’auteure (« “Artefacts naturels” et écosystèmes urbains », Stream 4, Les presses du réel, 2017, p. -92-93). Selon la philosophe Chris Younès, professeure à l’École nationale supérieure d’architecture de Paris-La Villette et à l’École spéciale d’architecture, « il s’agit désormais de comprendre et d’imaginer d’autres possibles à partir des résistances et des ressources des milieux, de leurs potentialités et des intensités de vie. Des alliances de différents types visant à révéler, ménager, revivifier, sont en- gagées, et ce en prenant en compte les éléments géographiques, tectoniques, climatiques, atmosphériques, biologiques, techniques et culturels » (« Renaturer », Stream 4, op. cit., p. 112). Une nouvelle pensée « par les milieux » se fait jour pour apprendre à composer avec l’existant et engager l’architecture dans une démarche bienveillante, créatrice de liens entre les habitants et leur milieu. Le rôle du concepteur est désormais de réfléchir à ces modalités de rencontre entre l’habitant et l’habité, les éléments naturels et l’existant : l’art de construire ne doit plus être une rupture, un mur, mais une transition entre le dedans et dehors. La manière dont architectes, paysagistes et artistes sont amenés à croiser leurs univers et ainsi jouer de concert leur partition est à ce titre essentielle.

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Cet article est extrait du douzième opus de la revue Garden_Lab : Architecture et jardins. À découvrir dans sa version intégrale

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