Chronique de jardins au temps du confinement…
par Michel Pena, architecte paysagiste. 

« La loi m’a obligé à réaliser un rêve que je n’osais faire depuis toujours : vivre deux mois dans ma cabane perdue dans les Cévennes ! »

Michel Pena est paysagiste concepteur et fondateur de Payssages. C’est un amoureux des paysages et des mots. Il invente un vocabulaire pour rendre compte des émotions. Pendant le confinement, il est aux anges car il a enfin pu réaliser ce à quoi il rêvait. Il a filmé ses émotions et partage chaque épisode en ligne sous la signature « Fuite Cévenole », en référence à André Chanson, académicien cévenol qui avait écrit : « Suite Cévenole », précise t-il. En voici un épisode  « Just for foehn », ajoute le prestidigitateur de mots faisant allusion au vent chaud qui amène le soleil. 

« Quel printemps ! Je suis arrivé sous la neige (10 cm le 20 mars) puis ai assisté à la floraison des merisiers, puis de toutes les fleurs, puis les feuilles !! J’ai observé leur succession… j’ai ainsi compris à quel moment les digitales apparaissent sans vouloir embêter les asphodèles, les cistes et les romarins.

Incroyable ! le paysage parle… nous parle, et nous arrivons à l’entendre et à en comprendre quelques bribes. Toutefois, nous avons encore beaucoup à apprendre sur le paysage, sur les mots des arbres…. Mais je suis persuadé que nous allons y arriver. « J’espère en la parole des paysages », écrit l’écrivain et poète Edouard Glissant.
J’ai enfin pu vivre ce dont je parle toujours, parce que jusqu’alors je n’avais jamais pris le temps de vivre ces moments.

Le temps, voilà le secret. Retrouver le temps… re-explorer le temps. Le poète Jean Tardieu l’évoque sans cesse.
Nul besoin de partir dans le Huang Shan à 20 000 km d’ici pour voir le soleil se lever sur la mer de nuages, voir émerger les Alpes dans le lointain.

L’ici-même est le lointain d’un lointain, ai-je souvent dit pour inciter à explorer les profondeurs abyssales d’un lieu. Eh beh voilà, je l’ai bien vécu !
Bien sûr ce n’est pas n’importe quel lieu, mais il faut commencer par le plus facile.

… j’ai écrit sur un tronc d’arbre mort : Le paysage nous console du monde… »

CHRONIQUES DE JARDINS, ma vie avec les plantes

Ils sont jardiniers, botanistes, pépiniéristes, paysagistes, écrivains, photographes, designers, ou tout simplement passionnés de jardin et de végétal… D’histoires d’étonnements, d’expériences, ou de réflexions parfois intimes, surprenantes, ou même un peu naïves, leurs récits de vie au jardin nous offrent une lecture nouvelle du rapport que tout un chacun entretient au temps, à son jardin et à sa manière de cultiver son univers végétal. Garden_Lab leur donne la parole.

ÉPISODE #1 : LE TEMPS DU CONFINEMENT

Le confinement nous aurait-il appris au moins une chose ? L’importance de revenir au temps long. Au rythme de la nature, des saisons et du jardin, chacun a su prendre le temps de ressentir, d’observer… avant de finalement s’interroger sur les métamorphoses engendrées. Notre rapport au jardin aurait-t-il lui aussi entamé sa mutation pour le monde d’après ?

Vous aussi, exprimez-vous ! Racontez-nous une histoire de plantes, de jardin, de balcon vécue en cette période de confinement propice à l’observation, à l’introspection mais aussi à la débrouille, à l’action, aux bonnes résolutions ….

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