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Zoom sur Le chêne, champion du brassage planétaire

Vous vous êtes sûrement rendu compte de l’abondance de bébés chênes dans les forêts. Trois années de sécheresse ont fait réagir les arbres qui ont alors produit quantité de glands. Est ce un signe de mal-être, de péril, un instinct de survie de l’espèce ?
 
Ce phénomène est tout à fait normal. Le chêne connaît ce processus depuis des millénaires et doit sa survie à sa capacité migratoire et à la pratique du brassage génétique. Antoine Kremer, chercheur à l’Inra est le spécialiste de la génétique des chênes. Il étudie en particulier celle de deux espèces, le chêne sessile et le chêne pédonculé, les plus communes de nos forêts. Celles-ci ont la particularité de s’hybrider ou plutôt d’introgresser. L’introgression étant le croisement entre espèces. En Europe, durant l’ère quaternaire (celle qui correspond à l’apparition de l’homme), ces chênes n’ont cessé de « voyager » du sud vers le nord et vice versa au gré des périodes glaciaires qui ont chacune duré environ 100 000 ans et des périodes Interglaciaires (10 à 15 000 années). Il est à noter que ce va et vient climatique a été fatal pour nombres d’autres espèces végétales en Europe.

Revenons à nos chênes.
Antoine Kremer explique que leur « colonisation »  vers le nord de l’Europe, lorsque le climat se réchauffait s’est faite par brassage génétique entre le chêne sessile et le chêne pédonculé. À l’inverse lors des périodes froides, les arbres du nord « hybridés » ne survivent pas. Seuls les arbres du sud  (péninsule ibérique, Italie, Balkans et Turquie) demeurent et contraignent les espèces à un nouvel isolement génétique. « Cette évolution biologique a toujours court aujourd’hui, les changements environnementaux stimulant une accélération de l’évolution biologique », indiquait  Antoine Kremer à l’occasion du colloque de Cerisy sur les brassages planétaires en août dernier.
La distribution des chênes sessile et pédonculé telle que nous la connaissons aujourd’hui date de 4000 ans. C’est ainsi que l’on trouve une lignée Atlantique qui s’étire de Barcelone à Copenhague, venus d’individus de la péninsule ibérique ; Une autre lignée est venue d’Italie et une autre encore d’Europe de l’Est. Dans ses pays d’origine, les chênes n’ont pas pour autant disparu et ailleurs, un important brassage génétique s’est opéré.

Comment le chêne a t-il réussi à parcourir ce territoire ?
Sa migration a été très rapide, jusqu’à 1000 mètres par an, ce qui a surpris les chercheurs compte tenu des éléments classiques de dispersion, dit par saut de puce, à savoir le transport des glands par les rongeurs ou les oiseaux, une centaine de mètres tout au plus. En fait d’autres mécanismes sont intervenus comme l’action de l’homme. Les restes archéologiques le montrent. Au fur et à mesure du réchauffement climatique, l’homme a migré vers le nord emportant quantités de glands dont il se nourrissait. Les hybridations entre chêne sessile et chêne pédonculé ont augmenté les capacités colonisatrices de l’arbre sans compter les flux de pollen transporté sur des centaines de kilomètres par les courants d’air des hautes couches de l’atmosphère.
L’ensemble de ces mécanismes de brassage ont créé la diversité, laquelle est support de l’évolution. Ces bébés chêne en nombre contribuent donc à la migration de l’espèce, un saut de puce très efficace pour maintenir sa diversité.
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