Cette année, Garden_Lab est partenaire de la 5ème édition du Carré des Jardiniers, concours emblématique de la filière paysage. À cette occasion, nous vous proposons de suivre mois par mois cette aventure, pour vous faire découvrir les arcanes du métier de jardinier qui associe créativité, passion, savoir-faire et esprit collectif. 

Dans l’épisode précédent, la place du village est passée sous le regard de trois des membres du jury, experts et passionnés de jardin : Jean Mus, Stéphane Marie et Anne Cabrol. Penser la place du village revient à penser à l’humain mais aussi au rôle que doit tenir le végétal. C’est la mission des cinq finalistes du concours Carré des Jardiniers 2019, dont le travail sera évalué à la fois sur la maîtrise technique mais également sur les valeurs et les émotions transmises par leurs réalisations. Si la place du village est humaine et incarnée, elle est aussi évocatrice et subjective tant elle fait appel à tous nos sens : la vue, le toucher, l’odorat, le goût… Justement la parole est donnée à une artiste sculpteur, un parfumeur et un chef cuisinier, membres du jury du concours.

GARY, Artiste sculpteur

La place du village, entre flux et convergence
« Il y a deux façons d’appréhender la place du village. D’abord par des volumes qui se dressent devant nos yeux, que l’on peut simplement regarder en tant que spectateur, et qui nous communiquent une énergie. D’un autre côté se pose la question des usages. Ce sont des gens qui viennent, qui repartent. Des gens qui traversent, d’autres qui restent. C’est un endroit où les gens se croisent, sans se voir ou pour se voir. Finalement, c’est un volume composé de flux. Les gens aiment être au centre du flux, de l’énergie d’une ville. La place du village en est l’épicentre. Que vous souhaitiez être dans le bouillonnement, que vous souhaitiez vous rassembler, faire une révolution, vous convergez vers la place du village. C’est un lieu de convergence, à l’image des agoras. Je pense qu’aujourd’hui, il faut redéfinir l’agora des cités dans une approche beaucoup plus sensorielle, plus humaine, y faire revenir le végétal pour y faire revenir l’humain. Je suis très sensible à l’évocation des patios de certaines civilisations, ou même des cours intérieures que l’on peut trouver à Paris. Des endroits où tout à coup, le temps se suspend. Je pense que la place du village, c’est ce qui permet de suspendre le temps tout en ayant une fonction de convergence des individus. »

JEAN-CLAUDE ELLENA, Directeur de création des parfums du COUVENT des Minimes

La place du village, ou les places du village
« Quand je pense à la place du village, je pense à ces cafés, ces épiceries, ces boulangeries…  Ces lieux que l’on traverse, ces lieux d’échange où l’on rencontre l’autre, où l’on peut se parler, bavarder, commérer. Il faut faire en sorte qu’elle attire du monde, qu’elle soit un lieu où l’on puisse circuler, mais aussi s’arrêter. C’est un lieu à la fois de paroles et de tranquillité, où l’on peu entendre l’eau, profiter de l’ombre. Pour cela, il ne faut pas oublier que la place du village doit être fonction du lieu. Celle du nord de la France ne sera pas la même que celle du Midi. Il faut prendre en compte les habitudes, la régionalité. Ici, le végétal a une place importante. Par exemple, pour parler des odeurs, celles-ci seront différentes si l’on décide de s’asseoir sous un platane, sous un chêne ou un pin. C’est très inconscient, mais cela participe à notre quotidien. Il suffit de froisser une feuille de menthe, de buis ou bien de chèvrefeuille pour qu’une odeur s’en dégage. C’est un geste machinal, dans un moment où l’on est avec soi-même, mais qui participe à l’identité commune du lieu. »

JACQUES CHIBOIS, Chef du restaurant étoilé la Bastide Saint-Antoine

La place du village, un jardin à partager
« La place du village est un endroit où les gens viennent pour se rencontrer, discuter, ou simplement passer un moment, se reposer, lire. C’est un endroit privilégié que chacun s’approprie et qui appartient à tout le monde. Elle doit vivre. Il faut que les gens aient envie de s’y rendre. J’aime imaginer la place du village comme un jardin de vie, un jardin à partager. J’étais émerveillé en me rendant récemment à Limoges où un grand potager est installé sur la place de la mairie. C’est merveilleux et d’une beauté exceptionnelle. Cela a eu un succès fou. Les gens viennent y découvrir  des légumes, des plantes. Il s’y rencontrent, s’y cultivent, se rapprochent. Ils sont curieux, et c’est un formidable vecteur d’échanges. Cela me rappelle ce que l’on appelait autrefois le jardin de curé, placé près de l’église, où l’on venait chercher et voler des petites choses par-ci par-là. Il ne faut pas avoir peur de venir casser une petite branche, en extraire quelque chose. Derrière la place du village, derrière le jardin, quelque chose révèle la générosité. En tant que cuisinier, j’y suis très sensible. »

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> Concours Carré des jardiniers

Retrouvez tous les épisodes du Carré des Jardiniers :
ÉPISODE #1 : QUI SONT LES CINQ FINALISTES ?

ÉPISODE #2 : DEVENIR MAÎTRE JARDINIER

ÉPISODE #3 : LA PLACE DU VILLAGE (PARTIE 1)