Chronique de jardins au temps du confinement…
par Anne-Emmanuelle Thion, photographe. 

« Le temps du confinement a révélé un jardin salvateur, un lieu de partage et de communion intense, qui permet une ré-appropriation de l’espace.

Deux mois de temps à part, où la contemplation, le slow-life, s’imposent naturellement. Le footing quotidien trace de lui-même un chemin que longtemps j’avais cherché à travers les pommiers, le romarin, le saule et les pins. Les arbres servent de cabanes, et de cachettes, c’est à celui de mes fils qui montera le plus haut, dans le cerisier ou le prunier. Même à imaginer une tyrolienne. »

Chaque photographie composée par Anne-Emmanuelle Thion, Garden-Teamer de la première heure, est un voyage émotionnel, une histoire dont elle nous laisse imaginer la suite, une littérature parfumée, gourmande et musicale à la fois. Dans cette chronique, elle nous prouve que la vie est également belle…. autour de soi, les yeux grand ouverts sur les paysages.

« Au fil des jours éclosent les fleurs, les tulipes, les roses, les fleurs de cerisier. La pelouse est blanche de pâquerettes, c’est poétique, c’est un lieu de sieste, si rare en temps normal.

Un jardin refuge où l’on rit, on partage, on se fait des surprises, on court, on dort. Nuits sous la tente. Pas de bruits de voiture, mais des oiseaux nocturnes qui veillent tard et nous réveillent tôt. Et les chats qui rôdent. C’est comme une aventure. Le jardin est source de souvenirs, et tout cela est précieux.

En milieu de confinement le lilas arrive, cette fleur m’émeut beaucoup. Il est monté haut, sur le toit de l’appentis, mais l’agilité enfantine permet de le cueillir et d’en faire un gros bouquet qui parfume la maison. Cette fleur est rassurante. Bizarre d’employer ce mot ici, mais c’est pourtant ça. Elle m’apaise.

Les bambous ont pris possession d’une petite partie du jardin. On en fera des arcs.

Une échappée de temps en temps à moins d’1km, dans les champs de colza jaune vif, ou aux abords des champs de blé qui bougent au gré du vent, on dirait une mer verte. C’est simplement beau.

Quand vient le temps de couper les herbes envahissantes, les branches de sureau, on s’y met ensemble, en famille. Les feuillages deviennent parures, ils transforment, ou révèlent. C’est une communion des âmes. On dirait presque un rituel chamanique… »

CHRONIQUES DE JARDINS, ma vie avec les plantes

Ils sont jardiniers, botanistes, pépiniéristes, paysagistes, écrivains, photographes, designers, ou tout simplement passionnés de jardin et de végétal… D’histoires d’étonnements, d’expériences, ou de réflexions parfois intimes, surprenantes, ou même un peu naïves, leurs récits de vie au jardin nous offrent une lecture nouvelle du rapport que tout un chacun entretient au temps, à son jardin et à sa manière de cultiver son univers végétal. Garden_Lab leur donne la parole.

ÉPISODE #1 : LE TEMPS DU CONFINEMENT

Le confinement nous aurait-il appris au moins une chose ? L’importance de revenir au temps long. Au rythme de la nature, des saisons et du jardin, chacun a su prendre le temps de ressentir, d’observer… avant de finalement s’interroger sur les métamorphoses engendrées. Notre rapport au jardin aurait-t-il lui aussi entamé sa mutation pour le monde d’après ?

Vous aussi, exprimez-vous ! Racontez-nous une histoire de plantes, de jardin, de balcon vécue en cette période de confinement propice à l’observation, à l’introspection mais aussi à la débrouille, à l’action, aux bonnes résolutions ….

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